JEUNESSE-S - Chantier

 

Parce qu'en France, en mai 2020, 13,5 % des personnes âgées de 15 ans et plus déclarent des symptômes évocateurs d’un état dépressif (statistiques DREES), nous parions, avec notre chantier JEUNESSE-S, sur les puissances de la co-création pour se rencontrer, chercher, creuser et construire ensemble ce qui nous relie. Comme pour VIEILLESSE-S, nous posons JEUNESSE en majuscule et lui ajoutons un S pour rappeler que celle-ci est un moment pluriel de l'existence.

Jeunesse et vieillesse ne sont-elles qu'affaire de corps ? Comment les subjectivités s'affirment-elles d'un âge à l'autre ? Ou bien, comment sont-elles recouvertes par les injonctions contradictoires d'un système mortifère qui nous isole ? Ces questions au cœur du chantier VIEILLESSE-S occupent nos vies quotidiennes. Nous nous les posons pour nous-mêmes mais aussi pour nos enfants, nos élèves, celles et ceux que nous croisons quotidiennement sans les connaître et qu'on appelle, sans vraiment les voir, les jeunes. Ces jeunes, si proches et si loin à la fois.

Dans son ouvrage Penser l'émancipation, Jacques Rancière affirme que « C’est dans l’inclusion spontanée, ouverte, indécidable, de ce qui est étranger ou exclu, dans la dynamique inattendue et à venir d’une rencontre soudaine, qu’une autre écriture du monde est possible, que les rapports humains se renouvellent et peuvent changer ». 

Dans la co-fabrication de films avec de jeunes personnes (enfants, adolescents et jeunes adultes), nous nous inspirons de cette idée. Cette tâche exige de nous que nous nous affranchissions du carcan culturel euro-centré dans lequel nous sommes enfermé.e.s. C'est une opération complexe car cette culture façonne notre perception du monde, de nous-mêmes et de l’autre. L’autre écueil que nous cherchons aussi à éviter est la position de « formateur », de « sachant » qui irait à l’encontre de leur autonomisation et émancipation.  

Nous souhaitons dessiner les contours d’un espace où de nouveaux récits pourraient se déployer, où des voix marginalisées pourraient prendre de la force, où une véritable émancipation individuelle et collective peut avoir lieu. La leur comme la nôtre.